Article du dimanche 14 décembre 2014 , de Maxime Combes Attac France
COP20 : la « contribution » de Lima aggrave la crise climatique.
À Lima, la Convention cadre de l’ONU sur les changements climatiques s’est montrée incapable de satisfaire aux recommandations issues des rapports alarmants du Groupe d’experts intergouvernemental sur les changements climatiques (GIEC). Il était prévu que les États réexaminent et revoient à la hausse leurs engagements d’ici 2020, en particulier les pays riches. Pourtant, aucun pays n’envisage de réduire plus fortement ses émissions de gaz à effet de serre ni d’augmenter sa contribution financière. Or, « repousser ainsi à l’après 2020 l’essentiel des efforts à accomplir signifie abandonner l’objectif consistant à ne pas dépasser les 2 °C de réchauffement global d’ici la fin du siècle »
Le décalage entre ce que le GIEC
recommande, ce que les négociations de l’ONU permettent et ce que les
gouvernements font ne cesse de grandir. « En évacuant des négociations la dimension civilisationnelle du
changement climatique, les États ont inventé une machine qui empile des
mécanismes techniques toujours plus sophistiqués et déconnectés de la réalité
des dérèglements climatiques et des populations qui en subissent les
conséquences »,
constate Geneviève Azam, porte-parole d’Attac France. Loin de neutraliser les
tensions (géo)politiques et de solutionner la crise climatique, ces dispositifs
étouffent les trop rares initiatives en faveur de la justice climatique. Ils
encouragent au contraire les pays industriels à s’exonérer de leurs
responsabilités historiques et les pays émergents à conforter un modèle
productiviste et extractiviste insoutenable.
Avec constance et détermination, les
pays les plus puissants de la planète essaient de restreindre la portée des
principes d’équité et de responsabilités communes mais différenciées.
L’introduction d’une démarche volontaire et non contraignante pour définir les
contributions de chacun des pays à la lutte contre les dérèglements climatiques
fera primer l’échelon national sur la réalisation d’objectifs globaux. Non
contraints au sein de l’ONU, et aiguillés par les intérêts des entreprises
privées, les gouvernements s’activent par ailleurs pour libéraliser le commerce
et l’investissement, encouragent la recherche et l’exploitation de nouvelles
sources d’hydrocarbures et refusent de désarmer les marchés financiers, trois
vecteurs majeurs de l’aggravation de la crise climatique.
À douze mois de la conférence de
l’ONU sur le dérèglement climatique à Paris-Le Bourget, l’une des responsabilités
majeures des ONG et des mouvements sociaux et écologistes est de s’attaquer à
ce décalage dramatique entre la fuite en avant extractiviste et productiviste
liée à la globalisation économique et financière, et les exigences à la fois
claires et rigoureuses en matière de transition écologique et sociale. « Face à l’urgence climatique, la
passivité voire l’action irresponsable des dirigeants et des multinationales
imposent à la société civile d’initier une bataille globale et de longue
haleine »
selon Christophe Aguiton d’Attac France. Attac France, en lien avec ses
partenaires de la Coalition Climat 21 et ses partenaires internationaux,
poursuivra son engagement pour initier un véritable changement systémique, qui
subordonne les intérêts financiers aux exigences climatiques. Telle est l’autre
route de Lima à Paris.
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