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AL4_3 HALTE AU NUCLEAIRE GARD

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 Halte au Nucléaire Gard

  
ASTRID les années 2015-20 sont décisives.
Pierre Péguin janvier 15.

La construction à Marcoule (près de Bagnols/Cèze dans la vallée du Rhône) du réacteur 

Astrid se prépare discrètement, même s’il prend du retard. Pour l’instant le budget pour 

l’étude préliminaire est assuré jusqu’en 2015, l’Avant ProjetDétaillé (APD) est programmé

 de 2016 à 19 pour aboutir à une décision de construction, mais pour l’instant sans

 financement pour cette étude. Néanmoins, on constate que tout se met en place petit à 

petit, et gageons que la nucléocratie saura imposer la décision de poursuivre dans cette

 voie si nous n’y prenons pas garde. Ils ne peuvent en effet renoncer à plus d’un demisiècle
   
d’efforts et de dépenses considérables pour aboutir au graal, « le nucléaire durable »...

Il s’agit d’un réacteur destiné à relancer la filière plutonium,de la taille de près d’un demi 

Superphénix, refroidi au sodium métallique liquide, c’est le summum de dangerosité de ce 

qu'a construit l'humain !

C’est très grave, il ne faut pas laisser faire.


Six semaines après son élection, le président François Hollande aurait signé l’autorisation de 

poursuivre l’étude préliminaire à la construction du réacteur ASTRID, décision passée pratiquement 

inaperçue, mais d’importance considérable.


Quel est l’enjeu pour le CEA? Il s’agit de la relance de la filière plutonium-sodium, suite de Phénix et Superphénix, par la construction d’un réacteur dit de IV° génération ou surgénérateur, ou encore réacteur à neutrons rapides (RNR), avec comme combustible du plutonium associé à l’uranium “appauvri”, et comme fluide caloporteur le sodium liquide qui explose au contact de l’eau et s’enflamme à l’air.
Ce réacteur d’une puissance de 600MW, soit quasiment un demi Superphénix, représenterait l’aboutissement de  l’acharnement du CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique) à développer une filière “française”, relativement autonome vis à vis des ressources en uranium, s’appuyant sur les stocks disponibles en plutonium et uranium appauvri, avec la possibilité théorique de régénérer du plutonium.
Il faut bloquer ce projet mais la bataille sera dure. Et c’est actuellement que cela se joue. L’enjeu pour le CEA est considérable, les nucléocrates du Corps des Mines ne reculeront devant rien pour défendre « leur » filière qui implique la poursuite à la Hague du “retraitement” des combustibles usés pour en extraire le plutonium, et la construction de réacteurs utilisant ce combustible de la plus haute dangerosité.
Le CEA avait perdu la bataille contre EDF avec l’abandon de la filière graphite-gaz au profit de la filière Westinghouse à eau pressurisée (réacteurs PWR de la 2ème génération, et EPR de la 3ème tournant au fiasco). Cela s’était joué en 1969 et cela avait donné lieu à des grèves de protestation dans les centres et même à une grève de la faim.
Depuis, le CEA a obtenu (arbitrage Rocard) d’imposer le combustible au plutonium (MOX) dans une partie des réacteurs à eau (les 900MW), mais surtout son influence reste suffisamment puissante pour imposer à l’État des investissements considérables pour le développement de la 4ème génération.
La stratégie du CEA. Après les difficultés de fonctionnement, les nombreuses pannes de Phénix à Marcoule, et le fiasco de Superphénix à  Malville, il n’était plus possible de présenter officiellement cette filière comme  celle qui assurerait l’avenir du nucléaire français. Les nucléocrates s’entêtant, ils s’appuient sur la Loi de programme n° 2006-739 du 28 juin 2006 relative à   la gestion durable des matières et déchets radioactifs. Ils prétendent  développer le 3ème volet de la loi “Bataille”, c’est à dire celui de la “transmutation” des déchets radioactifs les plus encombrants à gérer. Ils obtiennent ainsi de l’État 650 millions d’€ dans le cadre de l’Emprunt National de 2010 (Sarkosy-Rocard), pour l’étude d’un avant projet de construction à Marcoule du réacteur Astrid.
En effet, officiellement, Astrid est destiné à montrer la capacité à “incinérer”, les actinides dits mineurs, atomes d’extrême radiotoxicité et de très longue vie (millénaires), voisins du plutonium. On voit là la subtilité rassurante du langage, car on n’incinère pas des atomes comme des ordures, ils ne brûlent pas. Par contre on peut les briser sous bombardement neutronique, c’est la “transmutation”, générant de ce fait de nouveaux éléments radioactifs de durée de vie moins longue (siècles), avec inévitablement de nouvelles nuisances.
Où en est le projet? Tout laisse penser qu’un accord tacite existe pour progresser dans l’ombre. Le calendrier prévoyait avant fin 2012 un avantprojet phase 1, permettant à l’État de décider de la poursuite du projet, ce qui semble bien avoir été fait discrètement: Des terrains sont retenus jouxtant Marcoule (sur la commune de Chusclan); un Institut de Chimie Séparative est créé pour trier les fameux atomes actinides à briser, et annonçant oeuvrer à la préparation d’un “nucléaire durable”. Le pilotage du projet est assuré par Cadarache, il est découpé en lots d’études qui sont confiés à différents  partenaires industriels, et une dizaine d’accords ont déjà été signés avec Alsthom, Bouygues, Toshiba, EDF, etc.
Le planning prévoyait que fin 2014 l’avant projet soit finalisé et que l’État  donnerait son accord. Des retards comme toujours repoussent les écheances, et le financement de la préétude n’est pour l’instant budgétisé que pour la 2ième phase de l’avant projet sommaire en 2015 ce qui engendre une inquiétude des personnels. l’Avant ProjetDétaillé (APD) est programmé de 2015 à 19 pour aboutir à une décision de construction, mais pour l’instant sans financement pour cette étude.
Mais cela avance, ainsi le 30 octobre dernier, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a annoncé préparer l'examen des options de sûreté du projet de réacteur Astrid,au cours de l'année 2015. Des équipes bénéficiant  d’un large financement travaillent à Saclay, Lyon, Cadarache et bien sûr Marcoule. Elles nous préparent cet avenir ir-radieux dont on ne veut pas, avec ses dangers décuplés par rapport aux centrales actuelles. Rappelons de plus que Marcoule repose sur une zone de risque sismique encadrée de deux failles actives supportant la poussée de la plaque Afrique, celle de Nîmes et d’Alès- Cévennes. L’ « arnaque ». Un rapport scientifique du Sénat avait déjà exprimé à la fin des années 90 que cette voie n’était pas crédible. La multiplicité des isotopes créés par les réactions nucléaires, et leurs difficultés à capter des neutrons pour être brisés, rendent très aléatoire cette technique (tout physicien sait que la section efficace de capture d'un neutron par un noyau instable de produit de fission est dérisoire).
La transmutation est, certes, une réalité physique, mais son utilisation à échelle industrielle se heurte à un obstacle économique rédhibitoire. Seule une partie des déchets serait ainsi transmutée à un coût exorbitant, et impliquerait d’accompagner les réacteurs à eau, de la construction en France de 7 ou 8 RNR pour briser une toute petite partie des déchets...
Cette « arnaque » destinée aux politiques a permi de justifier le projet et un financement public. En effet au delà du prétexte officiel, le but inavoué est de relancer cette filière à laquelle travaille le CEA depuis plus de 50 ans, avant que tous ses acteurs ne partent à la retraite, et ainsi de la sauver. Il s’agit bien d’une duperie, duperie lourde de conséquences.
Mais l’arnaque est dénoncée par l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire).
Avis n° 2013-AV-0187 de l’Autorité de sûreté nucléaire du 4 juillet 2013 sur la transmutation des éléments radioactifs à vie longue, nous en extrayons le texte ci-dessous “Ainsi, l’ASN considère que les gains espérés de la transmutation des actinides mineurs en termes de sûreté, de radioprotection et de gestion des déchets n’apparaissent pas déterminants au vu notamment des contraintes induites sur les installations du cycle du combustible, les réacteurs et les transports, qui devraient mettre en oeuvre des matières fortement radioactives à toutes les étapes. (...)
“En conséquence, l’ASN considère que les possibilités de séparation et de transmutation des éléments radioactifs à vie longue ne devraient pas constituer un critère déterminant pour le choix des technologies examinées dans le cadre de la quatrième génération.”
Le récent rapport de la Commission Nationale d'Evaluation de l'application de la loi sur la gestion des déchets radioactifs (rapport d’évaluation N°8, juin 14), permet d'avoir quelques informations, et ... quelques soucis sur l'obstination du lobby :
- La Commission s’inquiète : « Si la France renonce à la filière RNR, le plutonium devra être considéré comme un déchet... » , en fait c’est surtout pour inquiéter les décideurs, et préparer le changement d’objectif d’Astrid.
- La Commission soutient toujours la « capacité » pour les RNR de transmuter l’Americium (« actinide mineur ») qui pollue dangereusement nos déchets, mais reconnaît que ce n’est pas gagné, depuis que l’Autorité de Sureté Nucléaire a émis des doutes sur la fiabilité de cette opération. Aussi ce n’est plus cela qui Justifierait la construction d’une « flotte » de RNR, il a fallu trouver une parade.
- La Commission a trouvé comment sauver Astrid et la filière, il suffit de faire fonctionner les RNR en sous-génération, pour que leur mission soit de consommer le plutonium, d’en faire diminuer les stocks. De cette façon le projet reste éligible à la loi sur les déchets, au chapitre «Transmutation ».…
Mais une solution plus simple ne consisterait-elle pas à ne plus produire de plutonium, donc de cesser de retraiter à la Hague ? Les doutes exprimés au Sénat et la réfutation par l’ASN de justifier la construction du réacteur de 4ème génération par la transmutation des déchets les plus difficiles à gérer, enlèvent donc au projet Astrid toute légitimité !
Et que dire de cet immense gâchis financier, la filière plutonium a déjà englouti des dizaines de milliards d’€. Superphénix par exemple a, selon la Cour des Comptes, couté 12 milliards d'euros jusqu'à 1997 donc sans compter le démantèlement.. Si les énormes crédits consacrés au nucléaire par l’État avaient été utilisés dans l’économie et la maîtrise de l’énergie, l’isolation thermique des logements, le développement des renouvelables, tout cela entrainant la création de nombreux emplois, le pays ne s’en porterait-il pas mieux ? .
Le pouvoir du CEA, Au delà du rôle que peut jouer EDF dans les débats sur la loi de la transition énergétique pour veiller à la sauvegarde du nucléaire, le vrai pouvoir dans ce domaine est assuré par le CEA (Commissariat à l’Energie Atomique, affublé maintenant « d’energies renouvelables »). Sous la direction du Corps des Mines, la tradition polytechnicienne de Napoléon à de Gaulle d’asseoir la grandeur de la France sur des réalisations Technologiques perdure. Et nos politiques s’en remettent à ces experts pour voter et décider en ce domaine.
Pour le CEA, le rêve continue : (source les échos « Le sodium, clé de voûte des réacteurs nucléaires du futur » 13/10/14, htttp://bourse.lesechos.fr/infos-conseilsboursiers ).
La principale qualité du réacteur à neutrons rapides refroidi au sodium (RNRNa), développé en France, en Russie et en Chine consiste à pouvoir brûler de l'uranium usagé et du plutonium issus de réacteurs refroidis à l'eau, qui  s'accumulent depuis des années.
"Nous pourrions produire de l'électricité pendant plusieurs centaines d'années sans nouvelles ressources d'uranium naturel", prétend Christophe Béhar, vice-président du Forum International Génération IV, également lun des directeurs au CEA. Il persiste dans l’illusion de la transmutation en prétendant que le RNR-Na peut consommer la majeure partie des déchets radioactifs à vie longue issus de l'uranium, ce qui simplifie la question de leur stockage sous-terrain.
le défi pour le CEA consiste à convaincre les parlementaires de l'autoriser à bâtir Astrid, au nom de « l’avance » de la France dans ce domaine. Le coût a été estimé à plus de 5 milliards d'€, mais le coût réel serait bien plus élevé. Une décision est attendue autour de 2019.
Dans le même temps des partenariats avec l’étranger permettent de justifier le projet et de progresser. Un programme de recherche sur la prochaine génération de centrales, lancé en 2010 par les Etats-Unis, le Forum International Génération IV compte 13 pays membres - dont la Chine, la Russie, la France, le Japon et le Royaume-Uni. Par ailleurs la France soutient les efforts du Japon pour y relancer le nucléaire, client potentiel d’Areva en perte de crédibilité. Pour cela elle soutient les mensonges abominables sur les conséquences sanitaires de la catastrophe de Fukushima !


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Annexes

Origine des réacteurs à neutrons rapides. Ils sont concus sur la base d'un prototype réalisé par les Etats-Unis dans les années
1950. Commençons par Rapsodie. Le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) a pu dès 1957 concevoir un prototype, Rapsodie, à Cadarache, démarré en 1967, et arrêté en 1983. Ce petit réacteur nucléaire est le premier en France
de la filière à neutrons rapides au plutonium et au fluide caloporteur sodium.
Son but est de développer une utilisation civile du plutonium . De plus, les réacteurs à neutrons rapides peuvent, sous certaines conditions, être surgénérateurs, c’est à dire produire du plutonium en même temps qu’ils en consomment. C’est donc un eldorado qui paraît s’ouvrir, l’énergie surabondante pour des siècles, un des plus anciens fantasmes de l'humanité.
Mais le 31 mars 1994, alors qu'une équipe effectue un travail de nettoyage dans un réservoir de sodium, celui-ci explose causant la mort de l'ingénieur René Allègre et blessant quatre techniciens. Il s'agit d'une réaction chimique violente due à la dangerosité des conditions d'utilisation du sodium.
En effet cette filière utilise comme fluide caloporteur le sodium fondu qui présente l’avantage de permettre un fonctionnement à haute température et donc un bon rendement de la transformation de la chaleur du réacteur en électricité. Mais il y a un énorme inconvénient : le sodium explose au contact de l’eau, et brûle au contact de l’air. De plus, en cas de fuite, cela peut provoquer un emballement des réactions nucléaires du coeur, pouvant conduire au scénario catastrophe de fusion.
Quant au plutonium, matière première, c’est la pire substance jamais élaborée par l’industrie, d'une très grande toxicité chimique comme tous les métaux lourds (rappelons-nous les assassinats au polonium). Émetteur alpha en se désagrégeant, il est d’une très grande radiotoxicité en cas d’inhalation de microparticules aériennes, ou par ingestion. Pour disparaître naturellement il lui faut au moins 250000 ans, pendant lesquels les générations futures auront à le gérer, comme si nous devions gerer les déchets de l’homo erectus.… qui est étaient biodégradables…
L’étape suivante a été Phénix à Marcoule : Fonctionnant de 1973, à 2009, avec de multiples problèmes et pannes, d’une puissance électrique de 250 MW, Phénix a été exploité pendant 36 ans conjointement par le CEA pour des essais de transmutation de déchets radioactifs à vie longue, et par EDF pour la production d’électricité. Son démantèlement est prévu pour une durée de 15 ans, mais dans ce domaine et compte-tenu des difficultés rencontrées à Brennilis et Superphénix, c’est évidemment l’incertitude. Quant au coût il est estimé à près d'un milliard d'euros, assuré par le CEA, c’est à dire par l’État, il
ne pèsera pas dans le prix du kwh nucléaire... Démantèlement particulièrement délicat du fait que contrairement aux autres réacteurs il ne baigne pas dans l'eau mais dans du sodium liquide.
En fait ce réacteur a souvent été à l’arrêt, marqué par nombre de difficultés dont des fuites et des « petits » feux de sodium. Entre autre, en 2002, une explosion a lieu dans un réservoir raccordé à une cheminée qui débouche en toiture de bâtiment. Il s'agirait d'une réaction entre le sodium résiduel présent dans ce réservoir et de l'eau qui y aurait pénétré accidentellement suite à des pluies abondantes.
Superphénix enfin qui devait devenir le fleuron de l’industrie nucléaire française, et dont l’histoire fut émaillée d’incidents techniques et de manifestations écologistes, sera finalement arrêté en 1997 par Lionel Jospin après 20 ans de polémique. Construit sur la commune de Creys-Malville près de Morestel dans l’Isère en une dizaine d’années, son histoire commence par la répression violente de la manifestation de juillet 1977, organisée par les comités Malville, réunissant des dizaines de milliers d’opposants, et qui vit la mort de Vital Michalon et trois mutilations. Ce gigantesque projet, qui devait être une vitrine, a subi une contestation très forte des écologistes ;  contestation également des milieux techniques et scientifiques du fait de son sur-dimensionnement : 1200MW d’électricité.
Souvent à l’arrêt, opérationnel de 1986 à 1996, ila consommé bien plus d'électricité qu'il n'en a produit. Mêm arrêté, il fallait maintenir liquide (180°) le sodium, par chauffage électrique. Le gigantisme pharaonique est illustré par quelques chiffres : 5.500 tonnes de sodium inutilisables parce que contaminées, et qu’il faut, avec des précautions infinies enfermer dans du
béton; 5 tonnes de plutonium, sachant qu’avec 5Kg on a une bombe ; mais aussi 20.000 tonnes d’acier, pour l’essentiel contaminé, ainsi que 200.000 m3 de béton.
Les difficultés rencontrées par cette filière sont liées aux conditions extrêmes auxquelles sont soumis les matériaux : corrosion sous tension, fluage et modifications des structures cristallines sous l’effet du rayonnement et de la température. Quant au coût, selon la cours des comptes, il est de 12 milliards d'€ non compris le démantèlement. ….
Pour nos grands penseurs, les réacteurs à eau n'étaient envisagés que comme une étape transitoire destinée à constituer un stock initial   de plutonium; le développement industriel de l'énergie nucléaire reposerait sur des réacteurs à neutrons rapides produisant euxmêmes leur combustibles par surgénération."
Quelques données scientifiques :
Et des définitions : L’uranium naturel existe sous deux formes principales (on dit « isotopes »), le « U 235 » à 0,7%, forme pouvant se désintégrer naturellement (dite « fissile »), et donc être le « combustible » de la filière nucléaire actuelle, et le « U 238 » qui a la propriété de pouvoir muter en plutonium (« Pu 239 ») s’il capte un neutron émis justement par l’uranium 235.
C’est ainsi qu’a été conçu logiquement au Tricastin l’usine Georges Besse 1, destinée à « enrichir » l’uranium en isotope 235, de façon à disposer d’un combustible plus efficace pour les réacteurs à eau, et de façon aussi à fournir l’armée en uranium très enrichi pour la bombe. L’uranium résiduel est dit «appauvri » (car il contient moins de 235, et plus de 238), il est tout aussi radiotoxique, et son utilisation en tête d’obus contamine à très long terme les zones de combat en Irak ou ailleurs. Cette usine a consommé énormément d’électricité, celle fournie par 3 réacteurs. Elle s’arrête pour laisser la place à Georges Besse 2, équipée en centrifugeuses (comme en Iran...), moins gourmandes.
Il a fallu ensuite concevoir le « retraitement », destiné à extraire le plutonium qui s’est formé dans le combustible usé dans les réacteurs. Après avoir été expérimenté à Marcoule, c’est l’usine de la Hague qui assure cette tâche pour fournir le militaire, et le civil.
Pourquoi le nom de « réacteur à neutrons rapides » ou RNR-Na? Dans les réacteurs à eau, celle-ci joue le rôle de modérateur à neutrons, tout en refroidissant le coeur. Dans les RNR tels Phénix, Superphénix ou Astrid, n’y a pas de ralentisseur de neutrons. La puissance et la chaleur dégagée par un tel réacteur peut être extraite par un  métal liquide.
Le sodium (Na) a été sélectionné pour ses capacités neutroniques (transparence aux neutrons), ses propriétés thermiques (capacité calorifique, plage de températures d’utilisation) et son faible coût : il est obtenu par électrolyse du sel (NaCl). En outre, à 400°C, sa viscosité est voisine de celle de l’eau, ce qui facilite l’interprétation des essais hydrauliques réalisés sur
maquettes en eau. Enfin, il fond à 98°C, et bout à 880°C, ce qui offre une grande plage de fonctionnement.
Mais le sodium a aussi de graves défauts : il brûle au contact de l'air et explose au contact de l'eau…..
Pourquoi le Mox et le plutonium posent-t-ils problème?
Le lobby dispose du plutonium retraité à la Hague, faute d’avoir pu développer la folière RNR, le CEA se tourne alors vers la fabrication du Mox à partir des années 90, à Cadarache puis à Marcoule. Il l'impose à EDF qui n'est pas enthousiaste, par un arbitrage gouvernemental (Rocard), afin de justifier la poursuite du retraitement des combustibles irradiés à La Hague. Actuellement, seule au monde, l’usine Melox de Marcoule en produit.
Le Mox est constitué d'un mélange d'oxydes de plutonium et d'uranium appauvri contenant 5 à 8% de plutonium. Il est utilisé actuellement dans 21 réacteurs des centrales 900MW, les plus anciennes, pour un tiers de leur combustible, et l'EPR pourrait fonctionner avec du Mox (la Finlande a choisi de continuer avec le combustible classique pour le sien). L'EPR moxé à 100%
serait susceptible de consommer 3 tonnes de plutonium par an.Cela permet d’utiliser aussi les stocks d'uranium appauvri issu de l'usine d'enrichissement de Tricastin.
Le MOX est élaboré dans une usine dont on parle peu, MELOX, où est maniée de la poudre ultra-fine d'oxyde de plutonium et d'uranium pour les mettre sous forme de pastilles. C'est une autre cause de catastrophe potentielle pas vraiment gérable si le confinement venait à être rompu et une cible intéressante avec quelques moyens dérisoires pour Al Qaîda.
Cette technologie présente d’énormes inconvénients, risques, difficultés et augmentation des coûts. Outre son extrême dangerosité, la qualité du plutonium se dégrade dans le temps, formant d'autres isotopes moins fissiles qui rendent la conduite du réacteur plus délicate. Les pastilles de Mox sont plusieurs milliers de fois plus radioactives que celles d'uranium, rendant la fabrication, les manipulations et les transports plus dangereux. A la sortie du réacteur, il émet plus de radioactivité et de chaleur que le combustible classique, et il faudra attendre 60 à 100 ans avant de le conditionner comme déchet! Enfin, le Mox entre en fusion beaucoup plus rapidement ( ce qui est arrivé au réacteur N°3 de Fukushima alimenté par Areva,et du plutonium a été dispersé aux alentours !).
L’arrêt de la filière du plutonium est une exigence absolue.
 L’industie du plutonium, le mal absolu. Superphenix avait 20% de plutonium. On nous parle de 25 % pour le projet Astrid . La bombe au plutonium de Nagasaki était de 5 kg de plutonium métallique. Phénix en fonctionnement, c'était 1800 kg d'oxyde de plutonium, trois fois plus dans Superphenix. Pour Astrid ce pourrait être probablement de l'ordre de 3500 kilos
d'oxyde de plutonium dans le coeur.
La filière plutonium implique le retraitement à la Hague, celle-ci en "fonctionnement normal" rejette massivement de la radioactivité dans la mer et dans l'air. Toute les cotes de la Manche, françaises, belges et néerlandaises sont contaminées par la radioactivité artificielle issue de La Hague (tritium, iode-129, ruthenium-106, américium 241, carbone-14, antimoine 125…. C’est le cas du Rhône contaminé par Marcoule, et dont on utilise l’eau pour irriguer le Languedoc et qui a pollué les rizières de Camargue en 1993, lors d’inondations.
Et le transport, Le plutonium est transporté de La Hague à Marcoule par 15 kg dans des containers cylindriques qui contiennent 5 boites métalliques empilées pouvant contenir chacune jusqu'à 3 kg de plutonium sous forme de poudre d'oxyde. Ils sont par dix containers sur des camions blindés pouvant donc contenir jusqu'à 150 kg de pur oxyde de plutonium en poudre en boites scellées. Ils sont conçus pour être manipulés à distance ainsi que le vissage et dévissage de leur couvercle.Ces conteneurs doivent supporter une chute de 9 m. Cela est équivalent à une vitesse de 50Kmh.
Les transports de MOX vont dans toute la France Ils sont mis par deux assemblages dans des conteneurs de 5 mètres de long pesant 5 tonnes avec blindage neutronique. Il peuvent être mis par 4 dans des camions blindés : 8 assemblages = 225 kg de Pu pour du Mox à 6,1% . On imagine tous les risques d’attaques terroristes que permettent ces transports !
Actinides mineurs « qu’es aquὸ? » L’uranium existe à l’état naturel car sa période de désintégration est tellement longue, qu’il en reste depuis la création de la terre. Par contre les actinides dont il est question sont des éléments lourds artificiels générés par les réactions nucléaires dans un réacteur, à partir de la captation par l’uranium 238, d’un neutron. Ils n’existent pas à l’état naturel. Le plus important est le plutonium 239 qu’on extrait à la Hague pour l’armement nucléaire d’abord, et dont on cherche à utiliser les excédents dans le nucléaire civilsous forme de MOX, par sa dangerosité le plutonium est une horreur, probablement ce qu’il y a de pire dans ce que l’industrie génère.
Les actinides dits « mineurs », car en plus petite quantité, sont des éléments de la fin de la classification périodique des éléments, tels que le curium, l’américium. Ils sont extrêmement radiotoxiques (émetteurs alpha) et à vie très longue, leur disparition spontanée par désintégration se compte en centaines de milliers d’années. Ils posent d’énormes problèmes non résolus. Ils ne sont donc pas si « mineurs » que ça !
Et cela sert au CEA à chercher à relancer la filière plutonium en la faisant passer comme susceptible de briser, ou transmuter, ou encore «incinérer » (comme si on pouvait brûler des atomes!) ces atomes, en radionucléides plus faciles à gérer. C’est là où est l’ « arnaque » car l’efficacité de cette technologie est limitée par son faible rendement, son coût, son extrème dangerosité, et la formation inévitable de nouveaux déches nucléaires à gérer! La transmutation est, certes, une réalité physique, mais son utilisation à échelle industrielle est un leurre, elle se heurte à trop obstacles rédhibitoires.
Prendre ce pretexte pour justifier la construction d’Astrid relève de la malhonneteté.
Comment se structure pour l’instant le projet ?
Par la loi du 28 juin 2006, le CEA s’est vu confier la maîtrise d’ouvrage du projet. Il en a également reçu le financement de l’avant-projet par le programme d’investissements d’avenir. le pilotage du projet est assuré par la cellule projet ASTRID de Cadarache.
Le projet est découpé en lots d’études qui sont confiés à différents partenaires industriels, et des accords ont été signés avec:
• EDF/SEPTEN assistance à l’équipe CEA de maitrise d’ouvrage, par une équipe basée à Lyon.
• AREVA NP ingénierie de la chaudière nucléaire, des auxiliaires nucléaires et du contrôle-comande,
• ALSTOM POWER SYSTEMS concepteur et constructeur de systèmes de conversion d’énergie
• COMEX Nucléaire conception mécanique pour l’étude de différents systèmes, en particulier de robotique pour l’inspection en service du circuit primaire, conception diversifiée de mécanismes de barres ;
• TOSHIBA développement et qualification de grosses pompes électromagnétiques pour les circuits secondaires de sodium,
• BOUYGUESconception du génie civil de l’ensemble des bâtiments de l’îlot nucléaire (dont le bâtiment réacteur, les bâtiments auxiliaires nucléaires, les bâtiments de manutention du combustible) mais également de la salle des machines, abritant le groupe turbo alternateur ;
• EDF étend l’accord signé avec le SEPTEN aux activités de R&D et à l’expertise technique,
• JACOBS France ’ingénierie des infrastructures et des moyens communs du site ;
• ROLLS-ROYCE recherches d’innovation sur les échangeurs sodium-gaz et la manutention du combustible ;
• ASTRIUM méthodologies destinées à augmenter la disponibilité du réacteur, méthodologies issues de l’expérience des lanceurs de la fusée ARIANE et des missiles.
Etc.
Les équipes de CEA de Cadarache, tentent d'apprivoiser le sodium, sixième élément le plus abondant sur terre mais seulement en tant que composant d'autres minéraux, comme le sel. Pour prévenir le principal danger - l'entrée en contact du sodium et de l'eau, de nouvelles turbines alimentées au gaz sont en cours de conception.
Et à l’étranger ? Un accord a été signé avec le Japon (!) pour la remise en route du réacteur de même type, celui de Monju qui a connu en 1995 un important incendie consécutif à une fuite de sodium ….. Le Comité francojaponais de Coopération Nucléaire a tenu sa quatrième réunion le 1er  septembre 2014 à Paris. Les deux Parties ont confirmé leur intention de promouvoir la collaboration sur la recherche et la conception d'ASTRID . Mais le Japon a « omis » de déclarer environ 640 kilogrammes de plutonium dans  son rapport annuel à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) en  2012 et 2013, La quantité non déclarée pourrait suffire à fabriquer jusqu'à 80 bombes nucléaires.
Quand à la Russie elle exploite un réacteur du même type depuis 1980 malgré une série de problèmes.
En Belgique, premiers pas de Guinevere, réacteur expérimental franco-belge.
Ce prototype n'est encore qu'une maquette, mais il préfigure Myrrha, un pilote préindustriel à un milliard d'euros, qui pourrait être opérationnel en 2023.
Construit à Mol en Belgique dans le cadre d'une coopération avec le CNRS et le CEA.
Et la Suède envisage aussi un réacteur nucléaire expérimental de 4e génération.

                                                                                                                                                                                                                   Retour Sommaire